Attention aux chatouilles !
Richard Bartle (une sommité de l’univers des jeux en ligne – mais le propos ici n’est pas d’en faire la présentation) est à l’origine d’une polémique dont se sont emparés la plupart des sites influents qui traitent de l’univers des MMO.
Le 19 novembre 2008, peu après la sortie de la seconde extension de World of Warcraft, il s’émeut sur son blog de ce qu’une quête de Wrath of the Lich King présente une scène de torture. Dans “l‘art de la persuasion” il est effectivement question de pratiquer un supplice de manière répétée sur une victime jusqu’à la faire parler. A aucun moment, le joueur ne se voit proposer une alternative à cette issue pourtant douteuse sur un plan moral. Pire, la quête fait partie d’une suite pour l’obtention de l’accès à l’instance “le Nexus” ce qui renforce son caractère incontournable pour le joueur. Ce qui choque Richard Bartle, ce n’est pas en soi l’existence de la torture dans un jeu mais le contexte et les modalités de son utilisation. En l’occurrence, les concepteurs de Blizzard lui paraissent avoir fait preuve d’une
négligence coupable.
Mieux vaut une chèvre pour lécher les pieds de Fernandel ?
Après d’inévitables réactions indignées de fans inconditionnels de wow, Richard Bartle précise son point de vue. Il existe d’autres quêtes dans WoLK qui mettent en œuvre la torture, comme celle qui appartient à la progression des chevaliers de la mort lorsque ceux-ci sont encore sous l’influence du Roi Liche. Mais au moins cela a-t-il le mérite de s’inscrire dans l’histoire de cette classe et sa dimension RP.
En fait, si Richard Bartle fait l’objet d’attaques très vives c’est aussi en raison de son hostilité déclarée à l’orientation générale de wow dont il critique le manque de liberté laissé aux joueurs à travers notamment un système de quêtes figé (nous aurons certainement l’occasion d’y revenir une autre fois). Wolfshead, un game designer qui s’exprime avec talent sur son blog résume d’ailleurs bien la controverse en ce qu’elle dépasse la simple question de cette quête de “persuasion” dans wow.
Quitte à enfreindre les conventions de Genève, les créatifs de Blizzard en mal d’inspiration auraient au moins pu le faire avec un peu d’humour ! Une chèvre qui lèche les pieds eu été beaucoup plus amusant et moins prompt à susciter le débat. Encore que… le supplice pouvait aller en réalité jusqu’à laisser les chairs à vifs.
Même les chatouilles peuvent se révéler d’une cruauté qui dépasse l’imagination !